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S’adapter maintenant ?

Déçus, forcément…

Damien Conaré, rédacteur en chef

Àtrois semaines de la conférence de Copenhague, on peut raisonnablement prévoir que, sauf engagement politique fort de dernière minute, elle n’aboutira pas à un traité complet capable de relayer le protocole de Kyoto, qui engageait les pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) sur la période ;2008- 2012. Au mieux, un accord politique devrait être conclu, scellant si possible les principaux engagements (réduction des émissions et coopération financière et technologique avec les plus vulnérables). Les détails technique de l’accord seront alors finalisés en 2010.

Est-ce vraiment si grave ? Pas forcément. D’abord, la conclusion d’un accord international n’est pas une fin en soi : encore faut-il en assurer la mise en œuvre effective. Ensuite, l’effervescence politique et les attentes parfois démesurées entretenues par un «climat d’urgence» ne doivent pas hypothéquer plusieurs éléments essentiels.

Mais pourquoi un tel pessimisme à la veille du rendez-vous de «Hopenhague», comme l’ont rebaptisé certains ? Sans doute parce que, devenue un modèle pour l’action collective, cette négociation a fini par cristalliser toutes les attentes.

Premièrement, n’oublions pas que les négociations internationales sur le climat durent depuis dix-huit ans. Elles s’inscrivent donc dans un temps long, qui a vu notammen la communauté scientifique s’organiser pour développer une expertise collective sans précédent par son ampleur. Malgré les nombreuses incertitudes et les précautions d’usage, cette expertise a permis d’informer les décideurs politiques et d’alerter l’opinion publique sur la nature du problème et de ses conséquences. Ceci dans un domaine particulièrement complexe, qui nécessite la prise en compte quasi permanente de nouveaux critères pour évaluer un risque, dont les conséquences sont très variées.

Deuxièmement, et malgré cette complexité, n’oublions pas non plus que la plupart des pays ont lancé, ou mis à l’étude, des politiques de réduction de leurs émissions de GES : projet de loi aux états-Unis ; «paquet énergie-climat» dans l’Union européenne ; plans climat au Brésil, en Inde, au Mexique, en Australie et en Chine. Sans parler des multiples engagements de réseaux internationaux de collectivités locales ou d’industriels. On peut évidemment critiquer le peu d’ambition de certaines de ces initiatives, pas forcément à la hauteur de l’enjeu. Elles contredisent néanmoins l’apparent immobilisme des négociations.

De fait, même si globalement ses résultats ne sont pas glorieux, si les «mauvais élèves», Canada en tête, ne sont pas sanctionnés, et si les états-Unis ont regardé passer le train, le protocole de Kyoto aura au moins contribué à fixer un cap.

Certes, il va désormais falloir passer une vitesse largement supérieure. Mais pourquoi un tel pessimisme à la veille du rendez-vous de «Hopenhague», comme l’ont rebaptisé certains ? Sans doute parce que, devenue un modèle pour l’action collective, cette négociation a fini par cristalliser toutes les attentes. Victime de son succès en quelque sorte. Comme ce fut e cas il y a tout juste dix ans à Seattle pour les négociations commerciales multilatérales de ’OMC qui, depuis, piétinent… Or, quels qu’en soient les résultats, Copenhague ne proposera qu’une partie de la solution : le changement climatique ne pose pas une question à laquelle l faudrait trouver une réponse. Il requiert plutôt une dynamique multiforme pour repenser nos modèles de croissance et invite à dessiner une nouvelle géopolitique, où les puissances émergentes posent clairement le rôle qu’elles entendent jouer dans une économie plus sobre en carbone. Copenhague ne sera donc qu’une étape, forcément décevante, dans la transition qui devra s’opérer.

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Dernière modification : 25 November 2009